Mission Mayotte : nos pompiers solidaires
Deux cyclones ainsi que plusieurs tempêtes successives n’ont cessé de frapper Mayotte et ses habitants depuis la mi-décembre. Huit sapeurs-pompiers du SDIS 44 ont répondu présent pour apporter leur soutien à la population locale pendant 3 semaines.
Au pied levé et sans connaitre en avance les missions qui allaient leur être confiées, ils ont tous souhaité participer à cet élan de solidarité en mettant leur temps et leur expérience au profit de la population de Mayotte.
MISSIONS SANITAIRES ET LOGISTIQUES A PETITE TERRE
Cinq d’entre eux ont rejoint le 28 décembre dernier une soixantaine d’hommes et femmes œuvrant chaque jour pour apporter un soutien sanitaire d’urgence, évaluer les dommages sur le terrain et sécuriser les infrastructures essentielles.
Les adjudants chefs David Mostowyk, Yannick Wallerand, Stéphane Billard et les infirmières sapeurs-pompiers Anne-Sophie Compain et Sophie Favreau ont effectué leurs missions depuis un lycée de Petite Terre pendant près de 3 semaines. Anne-Sophie raconte :
« Nous avions une belle équipe, toujours le sourire aux lèvres. J’y ai retrouvé l’ambiance de caserne, l’esprit de corps et beaucoup de solidarité ».
Des qualités nécessaires pour mener à bien les différentes missions malgré des conditions de vie dégradées, une météo difficile et des tâches très engageantes physiquement.
« Aucun effort individuel n’aurait suffi à relever de tels défis ; c’est la somme de nos énergies qui a permis à Mayotte de retrouver une petite part de normalité. » ajoute David.
Dès leur arrivée, le détachement du SDIS 44 s’est vu confié de nombreuses missions stratégiques allant de la réorganisation de la pharmacie au soutien à l’ESCRIM (Elément de Sécurité Civile Rapide d’Intervention Médicale) en passant par l’accompagnement sur le terrain de la chargée de communication du Ministère de l’intérieur.
Chaque jour, quatre équipes sortaient en opération extérieure tandis qu’une équipe était en charge de la logistique. A l’aide des 5 infirmières présentes sur le camp, les secours sont « allés vers » la population pour prodiguer des soins à des victimes blessées, parfois gravement, par les intempéries et conditions de vie précaires post-cyclone. Situées en majorité dans les bangas (habitations locales), les interventions sanitaires consistaient à panser des plaies afin d’éviter toute infection. Anne-Sophie détaille
« En 21 jours, nous avons soigné plus de 1 700 personnes dont 30 cas graves nécessitant un suivi prolongé et nous avons visité 11 000 personnes dans les bangas. La population était très résiliente. Ils nous souhaitaient même bon courage, c’était très touchant. » David confirme « Les liens humains tissés avec les habitants des zones les plus isolées et vulnérables ont transcendé les difficultés matérielles. »
En parallèle, des reconnaissances étaient essentielles pour orienter les actions prioritaires. Le groupe a ainsi évalué 25 zones sinistrées. Parmi ces actions prioritaires se trouvait notamment la remise en sécurité des établissements scolaires.
« Afin de respecter les prévisions de réouverture des écoles, nous avons rendu fonctionnel 42 établissements : descente de plafonds endommagés, nettoyage des débris, balisage des zones dangereuses, travaux de sécurisation… En garantissant leur réouverture, nous savions que les enfants allaient de nouveau pouvoir profiter d’un repas dans leur journée. » explique David.
Enfin, le groupe a également pu travailler au centre hospitalier de Mayotte et dans la zone de fret sur le tarmac de l’aéroport pour aider au déchargement de nombreuses denrées alimentaires et d’eau.
RENFORT COMMANDEMENT A GRANDE TERRE
Situé en plein cœur des opérations, le Capitaine Jérôme Langlois a rejoint le sud de Grande Terre après avoir « fêté » le passage de la nouvelle année en plein ciel. Débarqué le 1er janvier, il a alors endossé le rôle de chef du poste de commandement avancé du secteur Sud pendant 3 semaines :
« Au vu de l’amélioration de la situation au Sud et au centre de l’île, il a été décidé rapidement de fusionner les deux secteurs. J’ai donc eu la chance qu’on me fasse confiance pour cette mission et qu’on me confie également le détachement de la sécurité civile chargée du traitement de l’eau. »
Avec le concours de 140 pompiers, Jérôme avait pour priorité d’organiser les actions visant à un retour à la normale des conditions de vie des habitants.
« J’étais l’interface entre les officiers qui commandaient sur le terrain, les autorités locales et le poste de commandement opérationnel. J’ai participé à de nombreuses réunions, j’ai accompagné la présidente de l’Assemblée nationale en visite sur Grande-Terre et je me suis rendue sur le terrain à plusieurs reprises pour évaluer la situation lors de prises de décisions stratégiques. »
Outre la gestion des livraisons de denrées jusqu’aux communes et la mise à disposition de personnels pour des gardes en centres de secours, Jérôme a également dû organiser rapidement les secours suite au passage d’une violente tempête tropicale. Plus de 200 pompiers se sont mobilisés les jours suivants pour dégager les ravines, bâcher, ouvrir les voies tout en poursuivant les actions en cours.
MISSION STRATEGIQUE DE COORDINATION SUR L’ILE DE LA REUNION
A plus de 1 400 km des terres dévastées de Mayotte, le Capitaine Frédéric Blond n’en avait pas moins un rôle essentiel et stratégique. Les dégâts provoqués par le cyclone Chido ont impacté gravement les activités économiques, le transport des marchandises, l’aide humanitaire et la mobilité des populations. Il a donc pris ses fonctions le 1er janvier dernier sur l’île de la Réunion, devenu centre logistique de coordination des efforts de secours vers Mayotte. Il explique :
« Des ponts aériens et maritimes ont été établis pour acheminer rapidement de l’eau, des denrées alimentaires, du matériel médical et des personnels des différentes forces depuis la Réunion vers Mayotte. Ma mission était de coordonner sur le terrain, l’ensemble des équipes et services de ces ponts en prenant en compte les priorités de projections de matériels, nourriture, eau pour les forces engagés (protection civile, pompiers SAMU, ONG, associations locales), la population sinistrée et les différents services de l’Etat. »
D’une envergure exceptionnelle, ce travail de coordination interservices était primordial afin d’apporter une réponse rapide, structurée et efficace à la crise sanitaire vécue par les habitants de Mayotte.
« Au total, près de 2 000 tonnes de vivres et de matériels ont été préparés et envoyés par fret aérien ainsi que 350 conteneurs par fret maritime. » détaille Frédéric.
Du 19 janvier au 5 février, l’infirmière sapeur-pompier Gwenaelle Lecomte a pris la relève de ses collègues pour prodiguer des soins et, tout comme ses prédécesseurs, se rendre utile auprès de la population locale, comme l’explique Anne-Sophie :
« C’était une mission très engageante mais j’ai été portée par le collectif. C’est mon père qui m’a transmis cette envie de faire quelque chose qui a du sens et je suis fière d’avoir participé à cette mission »
Pour David, dont c’était aussi la première de ce type, cette expérience est une belle parenthèse qu’il espère renouveler dans le futur :
« Elle restera gravée dans ma mémoire comme un exemple marquant de solidarité, de résilience et d’engagement collectif au service d’un territoire dévasté ».
Bien qu’habitués à de telles opérations, aux conditions dégradés et à la vie en collectivité, Jérôme et Frédéric retirent néanmoins beaucoup de cette action humanitaire.
« Ces trois semaines intenses auront été très enrichissantes tant sur l’aspect professionnel, opérationnel et personnel et j’ai la satisfaction d’avoir donné le meilleur de moi-même. » évoque Jérôme. « Je me souviendrais longtemps de cet engagement sans précédents d’acteurs d’une diversité incroyable » conclut Frédéric.
Trois sapeurs-pompiers du SDIS 44 (Médecin commandante Magali Jeanteur, Infirmière cheffe Nathalie Lefort, Caporal Eliot Avrillault) ont pris la relève sur Mayotte au sein d’un détachement de 152 PAX (personne) jusqu’au 25 février prochain. |
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